Clips, vidéos musicales

Saint Claude, Christine and the Queens

L’ascension du corps (décrite aussi dans une vidéo de « Performances, Installations, Montages ») dit une forme de libération, un affranchissement de la pesanteur et du vertige. Un traverser réalisé. Cette figure « vidéale » si je peux l’appeler ainsi, est reprise dans un des clips de la chanteuse française Christine and the Queens pour le titre « Saint Claude » (2014). Là aussi, il se termine par « l’ascension » de la chanteuse sur fond rouge, signe de l’accomplissement spatial de son traverser parisien dont l’arrêt de bus « Saint-Claude » était l’espace référent.

 

Lune rousse, Fakear

Le petit film ci-dessous a été réalisé par les élèves de l’école de photographie des Gobelins (2014, Paris). La combinaison en boucles des sons du musicien Fakear et des images produit une narration spatiale d’un traverser tout à fait captivante. L’initialisation du traverser se passe dans le laboratoire des Gobelins où l’opératrice procède à un tirage argentique. Le bain fait apparaître la photo de ce que l’on va comprendre être son projet traversier… Elle croise alors le compositeur dans les vestiaires avec lequel elle échange un regard, chacun étant devant son casier, un lieu de l’intime, avant une traversée qui va s’effectuer dans l’espace public… Assise au milieu des autres élèves de sa promotion, l’opératrice spatiale est la seule dont le regard (son rôle reste essentiel et permanent, associé à la compétence métrique) soit déconnecté des spatialités du plan de la coprésence estudiantine. Le déclenchement de la musique (à 25’’) va lancer et synchroniser son mouvement. La technique utilisée est alors extrêmement sophistiquée dans le domaine de l’art vidéo. Les plans de coupe se succèdent avec une constante iconographique placée au centre de l’image :la femme de dos et ses longs cheveux noirs (comme son pantalon). La très grande régularité de sa démarche et de son positionnement donne l’impression d’une ondulation urbaine au milieu de paysages dont l’incrémentation renseigne le parcours traversier. Quelques rares accélérés et deux légers retours en arrière en saccades ne perturbent pas la continuité du dispositif ainsi agencé. Ils en sont des ponctuations spatiales. Le spectateur est ainsi conduit à « suivre » la traversée. L’accessibilité sur Internet permet ainsi à tout internaute de chercher à (re) connaître telle rue ou telle gare parisienne, tel îlot urbain de Senlis ou de Caen (dont est originaire le musicien) ou les rues de Dinard sur les plages de laquelle va s’achever la traversée. Peu importe que celle-ci ait proposé une combinaison intermodale. Seule compte en fait le mouvement de la jeune femme, pas son déplacement. Cela illustre bien que le traverser se situe dans le champ de la mobilité et non des mobilités.

 

Aucun Express, Alain Bashung

 

I’m waiting here, David Lynch and Lykke Li

 

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