Performances, Installations, Montages

La traversée des Etats-Unis par Google-Street View (01’09’’)

Dans un petit film (2010), deux Japonais envisagent une traversée des États-Unis par Google Street View effectuée à travers une « course immobile » dans une pièce. Restituée « à l’envers » (en référence à une mythologie nord-américaine, le sens de la traversée fait sens…), elle permet au vainqueur de traverser les États-Unis, de San Francisco à New York et d’arriver en « 4760 km, 90 heures et 104 619 clics » ! Le procédé consiste en fait en un ajointement d’images fixes — 104 620 au total — dont l’assemblage constitue l’espace du traverser. Les deux opérateurs sont côte à côte, face à deux écrans où s’inscrivent et s’écrivent leurs traversées. Celles-ci s’effectuent dans la quotidienneté d’une pièce où se déroule l’exercice spatial, avec des choix directionnels à grande échelle (la flèche cliquable de Google Street View qui devient une étendue), qui finissent par produire une traversée dans un retournement des polarités classiques est-ouest. Le lieu de destination, Times Square NYC, arme la traversée d’une force symbolique.

Se reporter éventuellement à l’article « Espace et spatialités du traverser » dans la revue  « Espacestemps.net« .

 

 

« Tokyo reverse » (deux extraits de 5’), Traverser Tokyo à l’envers ?

Une expérience conceptuelle récente montre les possibilités de congruence entre la traversée et le traverser. « Tokyo reverse » est en fait une émission de télévision, diffusée sur la chaine de télévision France 4 (31 mars-1er avril 2014) et qui revendique le label de « Slow TV ». Filmé pendant 9h10 par Simon Bouisson, l’acteur-danseur Ludovic Zuili traverse « la plus grande ville du monde ». La composition de sa démarche est tout à fait originale puisqu’il semble avancer au ralenti alors que tout le monde recule autour de lui… Comme une dissonance dans le mouvement du Monde, contredit par cette marche si particulière. Le dispositif mis en place est en fait en quelque sorte inversé dès le départ, puisque l’opérateur a progressé à reculons. C’est aux réalisateurs que l’on doit bien l’effet de retournement de déroulé. Il donne, au moment de la diffusion, l’impression d’un sujet propulsé dans un Tokyo qui a l’air de se rembobiner autour de lui. Le programme s’est ainsi étalé pour s’achever à l’aube. Pendant toute sa durée, le pianiste Franceso Tristano a improvisé ce que l’on pourrait appeler une musique d’accompagnement destinée à « coller » aux rythmes de la traversée urbaine. Cette composition musicale était diffusée simultanément sur Radio Nova. Le récit spatial de cette traversée tokyoïte était également assorti d’appareillages permettant le développement d’une forte interactivité. Cette expérience prend évidemment tout son sens dans les nombreuses rencontres qui émaillent la traversée. Certaines relèvent en apparence de complices qui s’appliquent à créer des émotions visuelles. Mais ce sont aussi des étudiantes qui s’amusent de l’inédite traversée et cherchent à y prendre leur part ou ces passants interloqués qui interrompent leurs propres traversées pour participer à ce « Tokyo reverse ». C’est paradoxalement dans les sites les plus densément fréquentés que l’opérateur passe inaperçu. Ainsi dans le fameux quartier de Shibuya, le marcheur se perd dans la foule. Peut-être parce que, même dans son parcours a rovescio, il préserve l’ordre imprimé par le rythme ultra-précis des passages piétons… Au Japon tout particulièrement, ce sont bien les dissonances rythmiques des traversées qui peuvent produire des dissensus spatiaux.

 

 

Bandaloop project – Danse verticale à Oakland (Ca-USA)

 

 

Ocean Gravity – Guillaume Néry / Julie Gautier

 

 

Rone – Gravity

 

 

Rone – Parade

 

 

Ghost Peloton – Lumières et mouvement (https://creators.vice.com/fr)

 

 

 

Motion Exposure – Capturer le mouvement / Galeries

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Philippe Ramette – Photos

 

 

Philippe Ramette – Eloge de la transgression

 

 

Foot path (Bordeaux) de Tadashi Kawamata

A l’occasion du Festival urbain « Evento » tenu à Bordeaux en 2009, une installation éphémère a été commandée à l’artiste japonais Tadashi Kawamata. Son nom, « Footpath », renseignait assez bien sur les objectifs recherchés. Réalisée avec les pins abattus précédemment par la tempête Klaus, elle a proposé pendant la durée de l’événement1 un cheminement piéton jusqu’aux rives de la Garonne. A la fois signe annonciateur et emblème de la manifestation culturelle, la passerelle reliait le quartier des Quinconces aux bords du fleuve. Des oeuvres d’autres artistes pouvaient y être admirées, de même que différents spectacles (bateaux, feux d’artifices…). La construction permettait également de ménager des vues sur Bordeaux et en particulier sur le fameux pont de pierre. Pendant sa mise en place, le « Footpath », qui surplombait deux voies de tramway et deux voies de circulation au niveau des quais Louis XVIII, a revendiqué son « intégration au coeur du trafic urbain ». Ce faisant, la passerelle aux dimensions imposantes (110 mètres de long, 12 de large et 6,90 de haut dans sa partie la plus élevée) a tout de même validé un cloisonnement fonctionnel des flux. Ses qualités traversogènes semblaient toutefois réelles tant « Footpath » est apparu comme un lieu de rencontre pendant toute la période où elle a été ouverte au public. Véritable « rue » dont la dynamique était assurée par toutes sortes d’animations, en particulier nocturnes, ce chemin piéton a peu à peu intégré la quotidienneté des Bordelais, au point de les avoir surpris au moment de son démantèlement. Peut-être est-ce précisément son caractère éphémère qui a fait de cette passerelle plus qu’une classique passerelle de franchissement. Le fait qu’une de ses deux ailes s’élancent dans le vide au-dessus de la Garonne sans en réaliser la traversée lui donnait surtout une grande force symbolique dans l’espace du traverser de Bordeaux. Car c’est bien de la ville dont « Footpath » et ses courbes proposaient la traversée…

 

 

Denis Darzacq – « La chute »

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Bill Viola – « Tristan’s Ascension » 1970/72

Une exposition récente au Grand Palais à Paris (mars-juillet 2014) a été l’occasion d’une rétrospective de l’américain Bill Viola. L’affiche y faisait la part belle à une pièce majeure intitulée « Tristan’s Ascension ». Sous-titrée « The sound of a mountain under a waterfall », elle fait partie d’une série, The Tristan Project. Cette référence à l’opéra de Wagner, « Tristan und Isolde » signe une portée mystico- religieuse avec en particulier ce sujet les bras en croix. (« L’ascension de Tristan », 2005, durée totale 10’). Un homme allongé dans un espace vide est peu à peu soulevé sous l’effet d’une chute d’eau de plus en plus intense. Il sort finalement du cadre pour ne laisser qu’un fond noir. Comme dans d’autres éléments de son travail, la question de la transfiguration est interrogée au prisme du mouvement exprimé dans la dialectique apparition / disparition. L’ascension du corps dit ici une forme de libération, un affranchissement de la pesanteur et du vertige. Un traverser réalisé.

 

 

Valie Export – « Adjungierte Dislokationen » 1973

 

 

L’oeil de links – Art vidéo

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